L'économie américaine stagne et sa reprise durera plus longtemps que prévu, a déclaré l'ancien président de la Réserve fédérale nord-américaine, Alan Greenspan. S'il y a quelques mois, l'économiste mettait en garde contre un ralentissement plus fort que prévu, "à l'heure actuelle, la croissance de l'économie est nulle", a assuré aujourd'hui Greenspan lors d'une conférence à Djeddah, la deuxième ville d'Arabie Saoudite, où il a confirmé ses craintes que la plus grande économie du monde est sur le point d’entrer en récession.
Le message de Greenspan, autrefois tout-puissant, qui avait déjà secoué les marchés boursiers en lançant ses premiers avertissements sur l'évolution de l'économie américaine au début de l'année, a coïncidé avec la publication d'un rapport de la National Association of Business. Economics (NABE) qui réduit le 0,4% ses prévisions pour le premier trimestre de cette année.
"La reprise économique prendra plus de temps que d'habitude", a-t-il ajouté, tout en tentant de rassurer les marchés en affirmant que la mondialisation des échanges réduirait les effets de la récession sur le marché intérieur américain.
Dans une révision de ses prévisions rendue publique la semaine dernière, la Réserve fédérale a abaissé ses objectifs de croissance pour 2008 entre 1,3 et 2% en raison de la persistance de la crise hypothécaire et des tensions sur les marchés du crédit.
De même, l'institut émetteur américain a exprimé sa crainte que les effets de la crise perdurent plus longtemps que prévu malgré les baisses successives des taux d'intérêt qu'il a opérées jusqu'au taux actuel de 3%.
En ce sens, pour Greenspan, la hausse imparable jusqu'aux niveaux maximaux du baril de pétrole, qui a atteint un nouveau record de 101,32 dollars mercredi dernier, "ira plus loin". Un facteur qui a maintenu des niveaux d’inflation élevés aux États-Unis et a ralenti des niveaux de croissance déjà faibles.
La vérité est que de plus en plus d’économistes pensent que la première puissance mondiale va connaître une récession. Comme indiqué ce lundi dans un communiqué de la National Association of Business Economics (NABE), la croissance économique aux États-Unis ne dépassera pas 0,4% sur un an au premier trimestre 2008.
Les 49 analystes consultés par la NABE estiment que la hausse du produit intérieur brut (PIB) américain sera encore plus faible qu'au quatrième trimestre 2007 (0,6%), en raison de la faiblesse de la consommation et de la crise immobilière.
Effets des mesures de Bush
Pour le deuxième trimestre, une croissance de 1% est attendue, sachant que le plan de relance économique et la baisse des taux d'intérêt prendront effet au second semestre, avec une hausse de l'activité de 2,8% sur un an.
La croissance ne dépassera pas 1,8% sur un an au quatrième trimestre, soit moins que les 2,6% projetés par les économistes du NABE dans leur précédente étude, qui remonte à novembre, et qui pourraient atteindre 2,9% l'année prochaine, selon eux. Mais malgré ces chiffres, de plus en plus d’économistes du NABE évoquent le danger d’une contraction de l’activité économique.
Actuellement, 45% d'entre eux estiment qu'une récession avant la fin de l'année est inévitable, mais qu'elle sera insignifiante et de courte durée, selon la majorité des pessimistes. "Seule une petite minorité prévoit une contraction profonde et prolongée de l'activité économique", estime le NABE.
Malgré la réduction de leurs prévisions, les économistes d'entreprise prévoient une reprise de l'inflation de 3% en moyenne annuelle, contre 2,5% lors de l'enquête de novembre. Hors énergie et alimentation, l'inflation sous-jacente devrait être fixée à 2,0%, la limite supérieure de la fourchette (1% à 2%) officiellement annoncée par la Réserve fédérale.